“Le Bateau Usine” de Kobayashi Takiji (Allia, 2014)
« Comment ? Vous n’aviez pas encore lu le Bateau-Usine ? »
Ça, c’est bien ce que l’on s’attendait à entendre de la part de nos client·es quand on allait leur vanter les mérites du court roman du japonais Kobayashi Takiji, mort à même pas 30 ans à cause de ses convictions politiques (le bonhomme a fait son mémoire sur Kropotkine pour vous donner une idée du bord). Et finalement on se retrouve tout surpris, et heureux, très heureux, de vous faire découvrir à chacun, chacune, ce récit d’une puissance littéraire phénoménale.
« Le Bateau-Usine », outre un ouvrage qui trône dans un coin de notre pensée depuis au bas mot une demi-douzaine d’années, c’est un petit livre terriblement bien écrit, oserions-nous dire revigorant, qui revient sur la vie de pêcheurs dans les eaux japonaises, embauchés dans un immense bateau de pêche au crabe, dans les alentours du Kamtchatka. C’est la promiscuité, les conditions de travail inhumaine, la fatigue et la tyrannie des patrons. Mais c’est aussi la révolte, la force du peuple, et une savoir-faire dans l’écriture de l’action à toute épreuve. C’est bien simple : « Le Bateau-Usine » se lit d’une traite, bourré d’images fortes et de solides rebondissements sans jamais se départir d’un discours (d’une critique, disons-le) politico-social sur son temps et la société japonaise de l’époque.
Nous sommes beaucoup à tourner autour de ce livre des éditions Allia de moins de 200 pages, il est temps d’enfin le découvrir et d’aller à la rencontre de l’immense talent qu’il contient. Alors, comme le dirait très bien l’incipit : « C’est parti ! En route pour l’enfer ! ».