“Les jardins statuaires” de Jacques Abeille (Le Tripode, 2022)
C’est bon, nous sommes nous aussi tombés dans la marmite de Jacques Abeille. Et quel bonheur de s’y ballader.
Quiconque fait la rencontre des œuvres du Français dans les rayons des bonnes librairies, et surtout depuis que les éditions Attila, puis le Tripode, leur a donné un second souffle, n’a d’autre choix que d’en être irrémédiablement hanté. Les couvertures dessinées par François Schuiten marquent et laissent présumer d’un voyage sans nul autre pareil. C’est bel et bien le cas.
Autant le dire de suite, « Les Jardins Statuaires » est une œuvre majeure qui n’a fait que de nous surprendre dans nos habitudes de lecteurs et dans ce que l’on pensait affectionner ou non en termes de narration. C’est à la fois un récit de voyage, une sorte de conte philosophique, une espèce de fable, quelque chose comme une quête personnelle où la découverte d’un monde totalement nouveau apporte au héros une raison d’être. Narration descriptive, narration dialoguée, narration fouillée : il s’en passe des choses ici, sans trop en donner l’air.
Difficile de résumer autrement ces Jardins qu’en lançant « C’est l’histoire d’un mec qui arrive dans une contrée où poussent des statues ». C’est à la fois totalement cela, et tellement plus. C’est surtout une plume d’une infinie poésie, qui écrit les rapports entre les individus avec beaucoup de douceur, cherchant toujours à explorer les motivations des uns et des autres, ouvrir le dialogue, démêler le vrai du faux, éviter la catastrophe. « Les Jardins Statuaires » est un roman humain, et c’est dans cette humanité qu’il vient cueillir notre petit cœur. Jacques Abeille sculpte lui aussi, patiemment, l’architecture d’un monde, de ses croyances, coutumes et cultures.
Lisez Jacques Abeille, c’est un peu de la Fantasy, sans sorciers ni dragons, mais c’est surtout le haut du panier de ce que la littérature française peut proposer.