“Apprendre à parler à une pierre” d’Annie Dillard (Christian Bourgois, 2017)

Annie Dillard est comme une tante éloignée de Kathleen Jamie, autrice écossaise dont on vous parlait le mois dernier, qui aurait traversé l’Atlantique. Peut-être plus philosophe, plus minérale, ancrée par de multiples racines comme un palétuvier dans un dépiautage du gros oignon que serait notre monde. Elle-même essayiste et poétesse, écrivaine de la nature dans un milieu déjà bien trop occupé par les hommes, elle-même sensible et véritable courroie d’admiration du monde environnant.

Annie Dillard c’est ce petit vent frais qui vient vous gifler le visage au détour d’une pensée fine et alerte. Ce sont ces récits qui viennent travailler au corps la figure humaine, sa vie, sa présence, et la manière dont elle évolue dans un lieu donné, dont elle s’intrique avec lui.

Annie Dillard c’est la peinture fugace et pleine de poésie d’instantanés de vie. C’est aussi une multitude de traits d’esprits, mais également de visions sagaces sur ses contemporains plus ou moins interlopes (la splendide nouvelle éponyme). Cela ne l’empêche pas d’évoquer les explorateurs polaires, la faune des îles Galápagos ou les éclipses totales, entre autres choses.

« Apprendre à parler à une pierre » c’est quatorze petits textes traduits par Béatrice Durand qui ne sous-estiment pas l’intelligence de leur·e lecteurice, des petits moments d’intimité avec son autrice, qui nous emmène en voyage, nous guide à travers ses expériences de vie, et nous livre son point de vue affuté sur une foultitude de micro-sujets qui nous touchent au fond, comme s’ils finissaient par faire partie aussi un peu de nous, de notre histoire personnelle.

Merci Annie.

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