“Bonne nuit mes doudous” de Nikitas M. Papakostas (Editions do, 2023)

S'il peut se présenter comme le roman d'une ruralité somme toute ordinaire et ancrée dans un certain réalisme, "Bonne nuit mes doudous", loin de la tendresse que son titre pourrait préfigurer, finira par tremper complètement dans une certaine forme de symbolisme, et une atmosphère proche du gothique. Celles et ceux qui ont pu avoir le bonheur de lire "La Mort et le Printemps" de Mercé Rodoreda connaissent l'ambivalence qui peut habiter ces récits à la frontière d'un certain monde. On retrouve ici une atmosphère comme brumeuse, des superstitions, une société dévote, et toutes les dérives qui peuvent en découler, sur les corps comme les esprits. On ne veut trop vous en dire, au vu de la brièveté (non moins efficace !) du récit.

En définitive, et sans qu'il n'y ait jamais, ô grand jamais, des tendances horrifiques dans le livre de Papakostas, il pourrait tout à fait parler aux amateurices des films d'Ari Aster (la folie religieuse de "Midsommar" et son inversion des valeurs) et Robert Eggers (la brume flottante et la forêt sombre de "The Witch"). Quelque chose en lui qui tient de ces récits bardés de traditions, ferventes frayeurs, destins tragiques, et maléfices rampants.

Si "Bonne nuit mes doudous" donne l'impression d'être pour un public restreint, on finirait par vous dire que vous devez toutes et tous y plonger les deux yeux, des amoureux·ses de Thriller, aux grand·es lecteurices de Littérature dite « blanche », amateur·ices ou non des atours les plus noirs et précieux. Merci aux éditions do, ainsi qu'à la traductrice Clara Nizzoli pour ce texte que l'on relira pour sûr avec délectation.

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