“Mouron des champs” de Marie-Hélène Voyer (La Peuplade, 2022)
[Ce livre n’est malheureusement plus disponible actuellement (le 28/05/2025)]
C’est la volonté d’écrire un livre de toutes les voix, les voix de ces « vieilles vivantes », de leur monde, de leur descendance, de leur territoire et de leur rapport avec tous ceux-ci (monde, descendance, territoire). C’est l’urgence de dire un Québec rural, de mettre les mots sur une vie qui se gagne comme on rampe : centimètre par centimètre. Livre d’une « mémoire impossible », livre pourtant d’une puissance évocatrice immense.
« Mouron des champs » ne fait pas dans le voyeurisme, dans le misérabilisme et le fétichisime de la vie des petites gens qui triment fort. La poésie en vers libres de Marie-Hélène met des mots qui vibrent sur les existences qu’elle dissèque. Elle endosse le manteau rapiécé de ses aïeules, enfile leur bottes, et leur rend hommage.
« Mouron des champs » est une déclaration d’amour à un Québec en voie de disparition, une lettre aux femmes de sa famille également, et tout spécialement sa mère ; un recueil à la langue ensorcelante, pleine d’images et de sensations qui se conjuguent et se marrient pour faire éclore chez nous, lecteurice, un tableau vivant, empli d’odeurs, de matériaux rugueux, de fatigue et de joie.
« Mouron des champs » c’est magnifique, ça se lit et se relit. Pour preuve on en est déjà à notre troisième tour de piste de l’année et nous sommes loin de l’avoir épuisé, savourant toujours un peu plus, au fur et à mesure, la plongée totale et l’amour infini que nous offre Marie-Hélène Voyer pour ce monde dur qui a été, autrefois, celui de son enfance.