“34 récits très courts et assez courts” de Linor Goralik (Monts Métallifères, 2022)

L’été 2022, Guillaume (éditeur chez les éditions des Monts Métallifères) a rendu une visite de courtoisie à Guillaume (le librairie). C'est toujours fort sympathique ces visites plus ou moins impromptues. Ils ont bien discuté et bien rigolé. Guillaume (le libraire) avait fait connaître à Guillaume (l'éditeur) l'excellent recueil de nouvelles de Stacy Hardy, "Archéologie des Trous", édité par les jeunes mais non moins fougueux Ròt-Bò-Krik. En partant, Guillaume (l'éditeur) glisse à Guillaume (le libraire) sa dernière sortie : "34 récits très courts et assez courts". Un titre pour le moins rigolo.

Si on vous raconte tout cela c'est bien puisque l'on sent une filiation entre ces deux recueils : celle de nous laisser ébahi, scotché, abasourdi ; celle de profiter de ses formats (très) courts (et assez courts) pour proposer des récits (très) forts (et assez futés), des narrations qui se développent rapidement pour nous surprendre, nous dévoiler une vue d'ensemble encore insoupçonnée, travailler l'intime, la psychologie des personnages et la progression du récit de manière retorse, très maline et assez saisissante.

"34 récits très courts et assez courts" est un livre qui se picore doucement, à son rythme, mais qui, ne vous y trompez pas, est d'une (très) grande (et assez étonnante) profondeur. A la manière de Stacy Hardy, Linor Goralik jette un pavé dans la mare à chacune de ses nouvelles. Si elle n'explore pas le fantastique comme son homologue sud-africaine, c'est bien la condition humaine qu'elle sonde au plus profond des individus qu'elle dépeint. A l'image d'un autre nouvelliste, que l'on aime énormément, Branimir Šćepanović, il ne suffit à Golarik que d'une poignée de page pour ouvrir un gouffre sous nos pieds et nous chambouler en notre for intérieur. La traduction magnifique de Daria Skorobogatova doit très sûrement (et assez certainement) jouer un rôle majeur dans tout cela.

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