“Anna Thalberg” de Eduardo Sangarcia (La Peuplade,2023)

Disons-le tout de suite, "Anna Thalberg" est un ouvrage réfléchi, pensé, construit avec minutie, sans jamais oublier, comme tous livres édités par la maison La Peuplade, d'être d'une accessibilité exemplaire. "Anna Thalberg" ce sont des courts paragraphes qui s'enchaînent, se déversent les uns dans les autres, et nous donnent une impression de spirale descendante, de flux inarrêtable qui vient sceller le destin d'une innocente condamnée au bûcher pour sorcellerie.

Ce premier roman, cette chasse aux sorcières et cette quête d'un évitement, ce chemin vers l'esquive du pire n'est pas dépourvu d'un sens du tragique qui rappellerait les plus grands récits antiques ; l'étau se resserre et les flammes du bûcher se font de plus en plus prégnantes, le décor se construit brique après brique et vient nous bloquer dans un cul-de-sac où la piété se conjugue à la cruauté la plus tenace. Le diable ne serait-il pas incarné par ceux qui disent le combattre corps et âme ?

"Anna Thalberg" c'est la contemplation vertigineuse de la vie d'une femme piégée, d'une chute dans un gouffre aux parois tranchantes. C'est une lecture intense qui évolue avec précision, glaciale et pourtant si étouffante. Eduardo Sangarcia est un auteur que l'on suivra avec passion. Merci à Marianne Millon pour sa traduction de qualité.