“Baby Spot” d’Isabel Alba (La Contre Allée, 2016)

Les éclairs du passé. C’est un peu à cela que l’on pense quand on se remémore notre lecture, aussi rapide que ces décharges de courant, de ce petit livre espagnol.

Second roman paru en Français mais bel et bien premier livre de son autrice, traduit par la toujours très juste Michelle Ortuno, « Baby Spot » est une sacrée entrée en matière. 93 pages de fiction mais dès la troisième vous voilà la corde au cou, tendu et rigide comme un linge oublié un matin de gelée. Sans mauvaise analogie car ici il est question d’un petit village espagnol où un jeune gamin est retrouvé pendu dans un chantier abandonné. Toute l’histoire nous est contée à travers les yeux de Tomás, 12 ans, à la parole qui semble avoir perdu tout l’innocence d’un petit garçon.

Ce qui s’apparente à un Thriller ou une reconstitution d’événements qui nous permettrait de saisir ce qu’il s’est joué au sein de la petite communauté, finit, comme souvent dans ces récits bien amenés, par être un portrait de cette dite petite communauté, dans les jours et les heures qui ont précédé le drame.

La langue de Tomás est celle crue des enfants qui ne se posent que peu de questions, elle croque à grands traits les grandes gueules et les petites silhouettes, elle dit les tensions, les émois, les peurs et les drames. En filigrane, Isabel Alba nous parle du sort des petites gens, en endossant à merveille la veste rugueuse et tachée de terre, d’un petit bout d’homme perdu.

« Baby Spot » se lit d’une traite et laisse une marque rouge quelque part dans notre esprit, quelque chose qui relève de l’ensorcellement, voire de la sidération.

On va continuer de vous lire Isabel, et merci Michelle pour le Français et la corde au cou.

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