“Le Ciel Tombe” de Lorenza Mazzetti (La Baconnière, 2024)

« Ce livre veut décrire la joie et la gaieté que cette famille m’a données durant mon enfance en m’accueillant comme « égale », tandis que moi j’ai été « égale » à eux dans la joie et « différente » au moment de la mort. »

Comment est-ce possible de mettre autant de tendresse, d’insouciance, d’amour, de chagrin, de joie, de détresse, de fascination, d’enthousiasme et d’espièglerie dans un seul petit ouvrage de moins de cent soixante-dix pages ?

Lorenza Mazzetti signe ici un roman autobiographique sur sa jeunesse d’une beauté confondante, et capture par là même, en plaçant son récit à hauteur d’enfant, tout à fait les élans de nos premières années, où chaque instant est vécu avec une intensité rare. Pas n’importe quelle jeunesse puisque nous sommes ici dans l’Italie fasciste, entre l’Allemagne nazie et les Alliés qui devraient finir par arriver. Pas n’importe quelle jeunesse puisque notre jeune héroïne est fille de la louve, éduquée dans le catholicisme le plus dévot et dogmatique, et bel et bien en adoration vis-à-vis du Duce.

En creux, derrière la légèreté et la compréhension fragmentaire d’un monde aux enjeux écrasants, « Le Ciel Tombe » est un véritable livre qui se dresse face aux injustices et toutes formes de haine. C’est aussi et surtout un des livres les plus touchants que nous avons eu la chance de lire cette année, merci aux éditions La Baconnière de nous offrir cette petite perle polie par les années, qui nous vient du royaume de l’enfance, certes dorée mais non moins dramatique.

Les éditeurs nous en parlaient, les libraires en parlaient, il était temps que nous vous en parlions aussi. « Le Ciel Tombe » est traversé par une ambiance électrique, comme une corde tendue prête à se rompre, qui émeut au plus profond tout en nous faisant vivre probablement un des moments les plus poignants de la Littérature.

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