“Notre quelque part” de Nii Ayikwei Parkes (Zulma, 2014)

C’est un secret de Polichinelle : nous lisons principalement de la littérature étrangères et nous apprécions nos belles traductions, comme tout un chacun on imagine bien. Dans le milieu, si nous devions retenir une reine il y aurait Laure Guille-Bataillon, traductrice notamment de Juan José Saer, Julio Cortázar, Antonio Di Benedetto, ou encore Juan Carlos Onetti. Ses mots nous ont fait chavirer, et ont toujours été de purs délices à déguster avec lenteur et délectation.

A sa mort en 1990, un tout jeune prix de traduction, qu’elle avait elle-même créé quatre ans plus tôt, prit alors son nom et c’est donc tout naturellement que nous scrutons ses lauréats de très près. Il y a dix ans, en 2014 c’était la traduction de Sika Fakambi pour « Notre quelque part » de l’auteur ghanéen Nii Ayikwei Parkes qui fut récompensée par ce prix. Et c’est amplement mérité.

A la confluence du roman policier, de l’enquête presque traditionnelle, et du conte oral africain, l’auteur nous donne à voir son pays, son dialecte, son franc-parler et les usages traditionnels de ses habitants. C’est une oralité retrouvée que l’on découvre ici, et une véritable célébration du rythme et de la musicalité de la parole. De découverte en surprise, de portraits bigarrés en personnages bien trempés, on navigue paisiblement et toujours les pupilles bien dilatées dans un récit survitaminé, rempli d’une spontanéité joyeuse et d’enjeux de pouvoirs bien connus des amateurices du genre.

Unique roman de son auteur qui pratique surtout la poésie et le Spoken Word, dans l’attente de la traduction de ses recueils de nouvelles, on vous en conjure : régalez-vous avec ses mots !

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