“Non-noyées. Leçons féministes Noires apprises auprès des mammifères marines” de Alexis Pauline Gumbs (Les liens qui libèrent & Burn-Août, 2024)
À propos d’Amour inter-espèce. À propos de Furtivité.
Nouvelle grande prêtresse Noire de l’Amour et du Soin que l’on porte aux autres, fraîchement traduite en Français, mais déjà présente dans de nombreuses notes de bas de pages depuis quatre ans avec ce titre pour le moins surprenant ("Black Feminist Lessons from Marine Mammals"), Alexis Pauline Gumbs a le mérite de nous faire toucher du doigt tout un réseau de connexions inter-espèces de stratégies, de modes de vie, d’histoires communes d’exploitation, de captivité et de chasse.
Dix-neuf chapitres comme dix-neuf leçons, comme dix-neuf prières, comme dix-neuf lettres adressées à une multitude de mammifères qui vous sont sûrement inconnues mais restent néanmoins fascinantes. Alexis Pauline Gumbs tisse les récits entre eux, déclare son amour pour les espèces cachées, qui résistent, refusent de se montrer et décident de passer maîtresses dans la pratique du leurre, du camouflage. Rebondissant d’un territoire à l’autre, de retour sur terre, elle fait résonner ces existences avec celles de sa famille, qu’elle soit biologique ou choisie, avec justesse et poésie, et en tire des leçons pour notre présent et notre avenir, sur notre rapport à l’autre.
Tout comme dans le livre de bell hooks sur l’Amour, il y a ici une certaine forme de spiritualité, de celle qui cultive l’espoir, la résistance solaire, mais aussi une foi inflexible qui pointe du doigt les contradictions d’une société coloniale mortifère qui tue, exploite, et s’enferme dans des contradictions fatales pour les écosystèmes.
On ressort de « Non-noyées » avec un nouveau souffle, de celui qui nous oxygène suffisamment pour nous aussi, pourquoi pas, plonger à deux kilomètres sous la surface des océans et faire résonner nos cliquetis et un chant à très basses fréquences.
Que vous ayez aimé ou non « A Propos d’Amour », vous vous devez de découvrir ce livre aux confluents de l’Ecologie, du Féminisme Noir (plus recommandable que le Féminisme Occidental notez) et de la Zoologie. Pour être tout à fait honnête, on s’y retrouve personnellement un peu plus.