“Viande” de Martin Harnicek (Monts Métallifères, 2024)

Il y a des livres qui vous hantent.

Cela fait plus de six mois que nous avons lu et découvert chez les excellents Monts Métallifères « Viande » de l’auteur tchèque Martin Harniček. Très chouette texte, que l’on se disait dans un premier temps, mais qui finit par nous accompagner sur toute notre année, revenant très régulièrement dans nos pensées, par son extrême radicalité.

« Viande » est une dystopie cannibale. Plus de végétaux, plus d’animaux, l’humain mange de l’humain, en vente des des grandes halles, grâce à des tickets que l’on récolte en faisant telle et telle action, c’est tout l’enjeu. Disons-le sans détours : « Viande » est bel et bien une dystopie. Presque dans sa forme la plus traditionnelle. Et c’est dans ce « presque » que tout se joue, que se loge le vers qui s’immiscera dans votre esprit et vous obsédera des mois durant.

Nous parlions de radicalité. Martin Harniček à travers sa plume et sa narration nous fait comprendre qu’il n’oublie pas deux points fondamentaux : que la forme se marrie toujours avec un fond dans le propos, et que l’on réfléchit au-delà des caractères de nos personnages pour se pencher sur leur sociologie, leur socialisation, leur authentique vision du monde. Concernant le premier point, « Viande » peut, à certains endroits, se targuer d’avoir été un des livres qui nous aura le plus apaisé. Et oui c’est possible aussi. Mais nous parlions de radicalité, toujours campée sur ses deux jambes, prête à bondir hors de ce récit hors-norme, qui scotche, cloue, se déverse inéluctablement, brutalement, sans que nous ne dévoilions bien entendu rien ici.

C’est bien pour sa singularité, cette radicalité, son récit foncièrement atypique et cendreux, que l’on vous recommande « Viande ». De ces livres qu’on aime se faire présenter par des dénicheurs de talent. Merci à Guillaumes de Monts Métallifères pour cela.

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“Non-noyées. Leçons féministes Noires apprises auprès des mammifères marines” de Alexis Pauline Gumbs (Les liens qui libèrent & Burn-Août, 2024)