“Perspectives Terrestres” d’Alessandro Pignocchi (Seuil, 2025)
Réjouissant festin.
Un de ces livres qui vous foutent la banane, voilà ce que nous propose Alessandro Pignocchi que l’on connaissait déjà notamment pour sa trilogie de bandes dessinées « Petit traité d’écologie sauvage » avec ses mésanges promptes à l’action directe. Ce que l’on adorait tout particulièrement dans ces BDs c’étaient leurs dernières pages conclusives qui instauraient chaque tome dans un contexte de réflexions plus globales : en somme une belle vulgarisation d’un foultitude d’ouvrages d’anthropologie contemporaine.
Ici Pignocchi nous fait la même en différent : toujours les deux pieds ancrés dans les discours de ce que l’on a fini par appeler « les penseurs du vivant » (Morizot, Tsing, Despret et Haraway en tête de file) il décide certes de nous parler d’anthropologie mais surtout de politique et du monde de demain à venir, de celui que l’on voudrait faire advenir, celui que nous désirons, que nous pourrions désirer et un de ceux qui permettrait à toutes et tous d’y vivre, sans risquer sa peau au quotidien, que ce soit pour des questions climatiques ou de tensions identitaires.
Festin car on dévore la plume pourtant dosée, travaillée et assez roborative du chercheur. Les pages dégustées avec avidité ouvrent un horizon où il fait bon respirer, viennent nourrir un idéal qui prend ici des formes concrètes et se dresse soudainement à notre portée. Ici Pignocchi passe certes par un état des lieux, mais très vite : des constats il érige des possibles, des voies nourricières, pleines de vie et de liens que la modernité a bien pris soin de détériorer. On a envie de se retrouver de nouveau, de travailler la terre et de se tisser encore et toujours ces interrelations avec les vies qui peuplent notre monde.
On ne peut que vous souhaiter, à vous aussi, de retrouver un peu le sourire et de puissance d’agir avec ces belles perspectives.